En tant qu’avocat spécialisé en droit du travail, je suis régulièrement confronté à des cas d’abandon de poste. Ce terme souvent flou cache pourtant des réalités juridiques précises et peut entraîner des conséquences graves pour le salarié qui s’y livre. Je vous propose aujourd’hui de démystifier ce sujet en expliquant ce que recouvre l’abandon de poste, les implications légales qui y sont attachées et les éventuelles conséquences pour le salarié.
Qu’est-ce que l’abandon de poste ?
L’abandon de poste se définit comme l’absence prolongée et injustifiée d’un salarié sur son lieu de travail. Il ne s’agit pas d’une absence ponctuelle ou justifiée par un motif valable comme un arrêt maladie ou un congé payé. On parle d’abandon de poste lorsque le salarié ne se présente plus à son travail sans avoir prévenu son employeur ni fourni d’explication.
Les implications légales de l’abandon de poste
L’abandon de poste n’est pas sans conséquence. Sur le plan juridique, il peut constituer une faute grave, voire une faute lourde, pouvant ainsi justifier un licenciement disciplinaire. Comme le stipule l’article L1234-1 du Code du travail : « le contrat de travail à durée indéterminée peut être rompu par l’employeur en cas de faute grave ou lourde du salarié ». L’abandon de poste, lorsqu’il est caractérisé, entre dans cette catégorie.
Abandon de poste et procédure disciplinaire
Lorsqu’un abandon de poste est constaté, l’employeur peut engager une procédure disciplinaire. Le Code du travail impose alors certaines obligations à l’employeur : convoquer le salarié à un entretien préalable, lui notifier par écrit les motifs qui lui sont reprochés, respecter les délais légaux avant toute sanction… Le non-respect de ces règles pourrait entacher la procédure d’irrégularité.
Les conséquences pour le salarié
Bien que certains salariés envisagent parfois l’abandon de poste comme un moyen « facile » pour rompre leur contrat, ils doivent être conscient des risques encourus. Outre le licenciement pour faute grave ou lourde dont nous avons parlé plus haut, cela pourrait également entraîner la perte des indemnités chômage ou encore la mention d’une faute grave sur leur certificat de travail.
Rester dans la légalité
S’il est un conseil que je peux donner aux salariés tentés par cette solution extrême, c’est bien celui-ci : privilégiez toujours la voie légale. Il existe en droit du travail des moyens tout à fait légitimes pour rompre un contrat qui ne convient plus : démission, rupture conventionnelle… N’hésitez pas à consulter votre avocat ou votre syndicat pour vous informer sur vos droits et les options qui s’offrent à vous.